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 La Nuit où Igorof est mort... [Introspection Astucienne]

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Astuce
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Astuce


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Date d'inscription : 29/09/2009

La Nuit où Igorof est mort... [Introspection Astucienne] Empty
MessageSujet: La Nuit où Igorof est mort... [Introspection Astucienne]   La Nuit où Igorof est mort... [Introspection Astucienne] I_icon_minitimeMar 22 Déc - 11:23

Dark Harbor

La Nuit où Igorof est mort... [Introspection Astucienne] 13819710

La lueur rosée de l’aurore lève le voile des dernières ténèbres sur les rues hurleventoises lorsque Astuce sort de son atelier et s’étire, baillant longuement. Elle déchausse ses lunettes épaisses et le double cercle de la peau protégée ressort pâle sur sa peau couverte du résidu de ses bricolages. Elle se frotte le visage des deux mains, brouillant un peu plus l’ensemble au lieu de se rendre présentable.

Baillant encore, elle se dirige vers la vieille ville, empruntant les ruelles les plus étroites encore dans l’ombre des murs aveugles qui les encadrent. Elle n’est pas très alerte, contrairement à son habitude. Quelques rues plus loin, elle trébuche et s’appuie d’une main à une façade en bardeaux, et semble reprendre son souffle. Un haut-le-cœur, et elle rend la bile de son estomac aux pavés décatis qui en ont vu d’autres.

Lentement, après plusieurs minutes, elle se redresse et passe la main sur son front. Pâle, les traits tirés, elle frissonne dans l’air frais du matin. Une sueur froide la recouvre, qu’elle découvre avec une horreur nouvelle, et elle reprend sa marche d’un pas vif, comme si un démon la poursuivait.
Peut-être était-ce le cas.

Comment savoir si ce qui l’agitait relevait de la corruption possible de cet enfoiré d’Igorof ou de ses terreurs personnelles ?
Elle avait affronté le dédain familial, l’esclavage et l’humiliation, vécu la haine et vu la mort en face plus souvent qu’à son tour, et pourtant, rien ne la terrorisait davantage que l’idée de perdre totalement le contrôle de son corps et de répandre le mal autour d’elle…

Sans analyser cette pensée, elle se força à reprendre une allure désinvolte en revenant dans les rues plus animées. Elle hésita avant d’entrer dans la boulangerie qui était son but initial, mais se força à l’emplette des petits pains qu’elle affectionnait tant. Le ventre vide, elle ne serait pas très utile pour la suite.

La suite… Elle soupira. Finir d’apprendre la nouvelle à tout le monde, en simulant que tout va mieux pour la guilde après ces troubles passagers. Restait la sœur du traître, et aucune idée de comment elle réagirait. Tenter de consoler Flocoline. Affronter la désapprobation, l’incompréhension, avec cette trouille au ventre. Que dirait Val ?

Espérer que Nelenthil ne l’apprendrait jamais.

Son pas faiblit, et elle se dépêcha de rentrer chez elle. Fermant la porte de son antre obscur sur la lumière du jour comme pour se protéger. Elle ne pouvait plus voir la verdure, le soleil, sentir l’air frais de l’extérieur sans se sentir vaguement coupable.
Elle lâcha le sac de petits pains sur la table, qui s’effondra lamentablement en répandant son obole sur le bois éraflé. Elle quitta précipitamment bottes, gants et cape, lâcha ses lunettes sur l’établis et courut se réfugier sous son édredon.

Ca faisait trop. Elle n’arrivait pas à comprendre comment elle pouvait se comporter comme une fillette effarouchée en ces circonstances. Ce n’était pas la première fois qu’elle côtoyait des mages noirs. Ce n’était pas la première fois qu’elle tuait des gens de sang-froid, même si elle aurait souhaité mettre ça aux oubliettes. Et ce n’était assurément pas la première fois qu’elle se trouvait proche de la mort quelle qu’elle fut, par sa main ou celle des autres, miséricordieuse ou non.
Mais là… Elle pouvait s’inventer cent mille raisons à sa faiblesse.

Déjà, elle avait remisé sa fonction d’assassin au placard depuis longtemps. Puis avec l’Eventail, elle s’était adoucie, avait perdu ses angles, gagné en profondeur ce qu’elle avait perdu en éclat.
Elle s’en voulait d’avoir fait de la peine à Rislon et Flocoline. Quand bien même cet Igorof était un cafard, elle s’était instituée loi et justice et l’avait puni de manière expéditive.

Là défilait le flot des excuses qu’elle se donnait et qui sonnaient faux en regard de la tristesse sur le visage des êtres purs auxquels elle tenait : Igorof était escroc, menteur, voleur, il abusait des femmes, il manipulait les gens, il était égoïste, sournois, arrogant et on n’avait qu’une envie, effacer ce sourire détestable de son visage. Rien qu’à y penser, sa colère revenait. Et elle se maudissait pour ça, parce que c’était réagir comme le voulait le monstre.
Elle comptait se montrer impartiale, impavide, et faire seulement ce qui était justice. Sans émotion, en toute rationalité, supprimer la branche de l’arbre qui avait pourri.
Depuis le temps, elle savait pourtant que rationaliser, c’était pas son truc.
Résultat, ses vieux démons avaient refait surface, et elle s’était bien sentie de torturer ce connard pour lui faire ravaler son sourire de merde.
Frissonnant, elle se remémora les instants atrocement déroutants où elle avait tenu le monstre au bord de l’abîme, au bout de sa lame, et où il continuait à afficher sa morgue et sa perversité, semblant prendre plaisir aux sévices qu’elle lui infligeait. Au bord de l’abîme… elle y était elle aussi, avec pour seule envie de voir jusqu’où le dédain du supplicié pouvait aller, quelle souffrance permettrait à ce sourire vain de s’effacer pour laisser place à la douleur, à l’effroi de réaliser que son corps est irrémédiablement abîmé, à l’instinct animal de survie surpassant toute logique pour ne songer qu’à vivre, en dépit de tout… ce type devait ressentir ce qu’il avait infligé autour de lui. Il devait crier grâce et se repentir. S’il crevait sans comprendre cela, ça n’aurait servi à rien.
Et alors qu’elle prenait cette voie dont l’éthique était absente, il n’avait pas attendu et s’était empalé sur sa lame.

Puis il avait chuté… chuté… chuté…

Et dans l’horreur de ce moment incompréhensible, elle avait réalisé qu’elle se comportait exactement comme il l’avait voulu.
Elle avait montré cette fichue part de noirceur qu’elle pensait enterrée pour de bon.

Ca l’avait salement retournée. Elle avait perdu le contrôle d’elle-même et il avait fallu que Mornelune et Penombre l’aident à rester debout, quelle honte…
Encore sous le choc et après une demi-bouteille de gnôle avec Penny, elle avait aggravé son cas en révélant le secret de Hiéro à Penombre. Elle n’était même pas sensée le savoir. Toujours sa foutue manie d’espionner tout le monde, même ses amis…
Bah, peut-être que de ce côté-ci du moins, il en sortira quelque chose de bon.

Et elle avait même rigolé en faisant des pseudo-avances à Penny. Mais qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi ?
Honteuse, elle se pinça l’aile du nez et chantonna bêtement quelques notes, ce qu’elle faisait toujours inconsciemment quand elle se rappelait avoir fait quelque chose de stupide. La lala la la…

Enfin, si elle réagissait encore comme ça, il y avait de l’espoir. Parce que le lendemain du « départ précipité et on ne peut plus accéléré » d’Igorof, il avait fallu commencer à alerter les membres de l’Eventail… Chose qui se déroulait ma foi, cahin-cahan selon les réactions des uns ou des autres, mais qu’elle pensait surmontable.
Jusqu’à ce que Mornelune lui annonce différer son départ du groupe, parce qu’elle pensait possible que le sang d’Igorof lui ait conféré une corruption démoniaque…
Elle se mord l’index. Brrrrrrrrrr.

Voilà ce qui l’avait réellement fichue en l’air.

Heureusement,  Dewyvanera était là, mais ses propos ne se révélèrent guère plus rassurants que ceux de sa « garde du corps ». Elle ne savait pas pourquoi, en dépit de ce qu’était Mornelune réellement et de la réputation de ses « pouvoirs », elle avait envie de lui faire confiance.
Le genre de pressentiment qui lui avait plutôt réussi auparavant.

Elle se retourna rageusement dans ses draps et frémit en sentant l’odeur de Penombre sur l’oreiller. Bouaaaaarf… Ca faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas tripoté de l’elfe, son cénarien de mari avait intérêt à vite rentrer de ses combats de gros durs machistes.
Ou bien était-ce la corruption démoniaque de la luxure qui commençait à imprégner ses hormones ?

Rageusement, elle attrapa l’oreiller et l’envoya voler contre le mur, ce dont elle se sentit vaguement bête étant donné qu’elle était incapable de dormir sans. Bras en croix sur le matelas, elle ressassa la discussion de la veille, où ses deux acolytes avaient décidé de la surveiller tant qu’elles ne seraient pas certaines qu’un démon n’était pas en train de s’immiscer sous sa peau…

Elle les avait quittées avec le cerveau en vrac et le cœur qui battait la chamade. Elle s’était envoyée une bonne bouteille de gnôle, alors que la druidesse survolait la zone où Igorof était mort. Elle n’a rien trouvé…

Elle n’a rien trouvé. Purge verte, c’est une cénarienne. Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours avec ces druides à chaque fois que je commets des vilenies ? Celle-ci a l’air plus prosaïque que les autres, et pourvue d’un cran pour lequel je l’admire. Elle aurait pu fuir ou réagir de manière bien plus violente qu’elle ne l’a fait. On a un peu parlé d’elle, mais le mystère reste entier.
Bref, entre elle et Mornelune, je me retrouve à vivre mon malaise avec deux parfaites inconnues alors que des gens qui me sont très proches ne savent pas ce que j’endure. Comme d’hab, socialement, je fais les choses à l’envers.


Astuce se retourna sur le ventre, battant des jambes sur le matelas, et observa un moment ses mains, froides et marquées par le bricolage. Paumes calleuses, doigts épaissis par l’exercice de l’ingénierie, pulpe des phalanges noircie par le métal et les liquides huileux. Une ou deux cicatrices, récoltées on ne sait pas où ni quand, quelques plaies récentes parce qu’elle ne sait pas bosser avec des gants.

Depuis cette annonce funeste, tout va de travers. Elle a pas réussi à chasser les pensées, ni en buvant, ni en bricolant. Personne pour la rassurer, comme par ce passé sombre qu’elle avait oublié. Elle se croyait femme faite, forte et fière, pour se découvrir tremblante sous ses couvertures comme si un monstre créchait dans le placard.

Malade de surcroît, avec des pensées trop bizarres, et elle s’est loupé au moins cinq fois avant de réussir à agencer son engrenage, ce matin. Les symptômes décrits par Mornelune et Dewyvanera semblaient si proches de la femme enceinte qu’elle en a rigolé sur le coup, mais ça lui a fait un choc.

Nausées, émotions changeantes, brusques revirements d’humeur, bref, la totale. Elle se souvient d’avoir déjà vécu ça, et se rappelle…

C’était il y a un an de cela, lorsqu’elle avait perdu l’enfant. Depuis, malgré le partage de leur chagrin mutuel, Nelenthil était parti au front, avec ces mêmes excuses que précédemment, comme quoi elle ne pouvait pas le suivre au combat, que ses talents étaient ailleurs, bref, il avait besoin de faire autre chose loin d’elle pour oublier.

Ceci dit, elle pouvait pas rester comme ça à le regarder sans rien faire, et aussitôt elle avait remis ses bottes de cuir souple pour aller faire le tour de ses affaires personnelles.

Des affaires que Nel désapprouverait pour la plupart. Bien que toutes aient été modifiées au cours de années pour devenir un soutien moral des populations en détresse, trop de leur activité demeurait illégale, douteuse, menée par des gens trop roublards pour être droits tout le temps… Des trafics pas très cénariens on va dire. Des gens disparaissent, des connards c’est sûr, mais vivants. Des cargaisons s’envolent de villes prospères de l’est et on les retrouve à l’autre bout du continent, aux camps de réfugiés. D’autres trafics moins avouables permettent aux friqués de se faire saigner pour que les moins friqués puissent mettre autre chose que de la toile de jute sur le dos de leurs gosses. Bref, des buts avouables mais des moyens condamnables. Plus un certain nombre de négoces uniquement là pour rafler du blé.

Enfin, elle avait découvert que ça lui manquait. Se ressourcer dans la verdure, auprès d’une vraie source de sérénité comme Nel, c’était nécessaire pour qu’elle ne devienne pas folle, mais ces affaires-là, cette adrénaline, le risque et les défis perpétuels… c’est ce qu’elle était.

Peut-être un peu trop, même.



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